02 Fév Créer un produit
Design produit : créer et faire fabriquer un produit
On a tous eu une idée, à un moment donné, de créer un produit, un objet, pour soi ou pour le commercialiser. Mais la première question qui se pose est souvent : comment s’y prendre pour réaliser ce projet ?
Ma formation d’architecte, et mon expérience professionnelle dans une agence de design de marques m’ont permise de le savoir. Ayant travaillé pendant deux ans dans une agence qui traitait à la fois des projets de design de mode, design produit, graphisme et direction artistique, j’ai eu l’occasion de me former, notamment aux côtés de ma collègue styliste qui créait des vêtements et accessoires pour les marques clientes. Quand on est architecte, on sait dessiner à l’ordinateur, représenter un objet sous toutes les faces et faire des maquettes. Ceci aide beaucoup pour formaliser un objet à fabriquer.
Le tout est de cerner le principe :
• Croquis et esquisses
On commence par dessiner le produit à la main, par des esquisses, des schémas annotés et légendés. Ces croquis permettent de donner un premier aspect à l’objet imaginé, de coucher sur le papier l’image que l’on a dans la tête. Pas besoin d’être Leonard de Vinci et de faire des dessins techniques très précis, parfaitement proportionnés, etc. Ces éléments graphiques peuvent être de simples schémas. Le coup de crayon n’est pas indispensable. Le plus important je pense, c’est l’idée, le concept. Veillez à toujours le garder en tête. Les esquisses du produit peuvent être en 3D, une perspective ou simplement les vues de face, côtés, dessus et dessous de l’objet. Une coupe à un endroit significatif du produit est parfois nécessaire. A adapter donc, en fonction du produit à créer et des caractéristiques du design imaginé.
Par exemple, si vous créez un tube de mascara (c’est le premier produit que j’ai eu à imaginer lors d’un stage en agence de design) il faudra dessiner le bouchon, le tube ouvert, fermé… Si le bouchon de ce tube de mascara est en forme de boucle, avec un espace vide au milieu, un trou : une section verticale du bouchon sera utile.
• Faire une maquette
L’étape suivante est de créer une maquette du produit. Si c’est un accessoire textile, ou en matière souple, il faudra le réaliser dans une toile économique, le coudre, au moins grossièrement et avec peu de finitions, pour pouvoir le tester, l’essayer. Si c’est un objet dans un matériau dur, comme du bois, du métal, etc. une maquette en carton pourra être adaptée. Cela permettra de tester et d’appréhender ses proportions, d’ajuster les éléments, diminuer une longueur, la rallonger, etc. Si c’est un petit objet avec des formes organiques, arrondies, comme un bijou, une maquette en pâte Fimo peut donner une première idée du design. Cette étape de concevoir l’objet en volume va permettre de valider les dimensions, les proportions, le design et le look du produit fini.
On peut faire autant de maquettes qu’il est nécessaire. Si l’objet est complexe et qu’il demande un gros travail de conception, de réglages, d’ajustement, de détails, il faudra renouveler les maquettes. L’idéal est aussi d’en faire plusieurs en fonction de l’avancée du projet. Commencez par une maquette en carton ou en toile brute, puis passez dans des matériaux se rapprochant de plus en plus de la matière finale. Une toile plus rigide (type toile cirée !) pour se rapprocher du cuir par exemple, pour un article de maroquinerie… Cela permettra de valider dans un premier temps les volumes, tailles et dimensions, puis le rendu fini et ses caractéristiques propres à la matière…
• Modéliser en 3D
Cette étape n’est pas indispensable, tout dépend en fait, du produit. Si c’est un bijou, cela va être nécessaire. Mais si c’est un vêtement par exemple, il n’est pas nécessaire de passer par la 3D. Le textile peut se traiter en 2D, en rentrant dans le détail, mais on peut rester en deux dimensions. En revanche, pour un meuble, la 3D sera intéressante pour bien évaluer le volume, les proportions, on pourra même contextualiser l’objet et le mettre en situation dans un intérieur…
En effet, la modélisation 3D du produit, requiert davantage de compétences spécifiques. Maîtriser les outils informatiques pour modéliser en trois dimensions, et utiliser des logiciels tels que Sketchup, Solidworks, 3ds Max, Rhino3D n’est pas donné à tout le monde. Si vous savez utiliser un programme de modélisation c’est parfait. Si vous avez des bases, quelques tutoriaux peuvent vous permettre d’arriver au résultat voulu. Et si l’ordinateur et ces logiciels ne sont pas vos amis, alors faites appel à un professionnel indépendant, dans votre réseau perso ou sur LinkedIn, vous trouverez forcément quelqu’un qui pourra créer votre maquette 3D.
Cette étape va permettre d’affiner encore plus le produit, de se poser toutes les questions de fabrication, assemblage, composition de l’objet.
• Le sourcing
Le « sourcing » c’est la phase de recherche de toutes les matières premières nécessaires : boutons, fermetures éclair, mousquetons, tissus… pour un vêtement. Pierres, fermoirs, breloques, pour un bijou, etc. C’est une étape assez laborieuse surtout si le produit a beaucoup de matières différentes, accessoires et « trims ». Le plus simple je crois, est de se rendre aux salons spécialisés (Première Vision pour la mode, Bijhorca pour les bijoux, Batimat pour tout ce qui est des matériaux de construction/mobilier). Si les dates ne correspondent pas à vos délais ou que vous ne pouvez pas vous y rendre, alors contactez les exposants (consultez la liste des exposants) pour demander leur catalogue et recevoir leurs échantillons et nuanciers. Le sourcing doit prendre en compte le prix et le style : correspondent-ils à ce que je recherche ? En termes de design, look, finition, dimensions. Mais aussi en termes de tarif car ils rentrent dans le prix de revient du produit. C’est donc un équilibre parfois difficile à trouver. Cette étape peut prendre du temps au début et pour le premier produit. Ensuite, cette étape devient plus simple et rapide, on travaille souvent avec les mêmes fournisseurs, on peut trouver dans un même catalogue plusieurs trims/tissus/fournitures qui valent pour plusieurs produits. Cela devient aussi plus un automatisme, on anticipe mieux nos besoins et on est en veille pour des futures créations…
• Faire une fiche technique
Le dossier technique du produit est un document qui va permettre de demander des devis aux fabricants. C’est une fiche qui doit décrire entièrement le produit et ne doit pas laisser de zones d’ombres. Il faut que chaque détail de fabrication soit expliqué. Surtout si vous voulez qu’il soit exactement comme vous l’imaginez. Si il y a des zones d’ombres et que vous ne savez pas comment faire un assemblage, une jonction, comment fixer une partie à une autre car vous ne maîtrisez pas suffisamment la technique et le matériau, alors je vous conseille de rencontrer les fabricants pendant l’élaboration de vos maquettes, et leur demander conseil. Il vous dira alors ses contraintes techniques et vous fera gagner du temps pour la mise au point de vos dessins et maquettes. La fiche technique évolue au fil de la phase de création. Elle se précise et s’affine au fil des maquettes réalisées, des rencontres avec les fabricants… La fiche technique va intégrer le sourcing de chaque produit, préciser qu’à tel endroit, il faudra placer tel tissu, trim ou fourniture. C’est cette fiche qui va montrer les vues générales du produit, détailler ses matières, avec des légendes, des zooms et détails de confection. En fonction de la complexité du produit, ce dossier technique aura de nombreuses pages.
Avant de l’envoyer à vos fabricants et fournisseurs pour demander des devis de fabrication/confection, assurez-vous de leur faire signer une charte de confidentialité ou de déposer vos dessins et modèles afin de protéger votre création. (se renseigner sur l’INPI ou faire appel à un juriste)
Enfin, ce dossier technique doit être clair, rédigé dans la langue de vos fabricants, si vous voulez fabriquer en Chine (…) évitez de créer le document en français. Si vous optez pour le Made in France, alors simplifiez-vous la vie et rédigez-le en français bien sûr. Prévoyez un cartouche avec vos coordonnées, votre logo, le nom du projet, sa référence pour votre catalogue (si vous créez une collection de vêtements, c’est plus pratique) et faites une page par thème : une page « vues générales »; une autre « matières et matériaux »; « trims »; « détails techniques », « plans et coupes »… Intégrez aussi dans le cartouche, un numéro de version : V1, V2, V3…et la date. Ainsi, les mises à jour et modifications au fur et à mesure du projet seront archivées. Les échanges avec vos fabricants seront aussi simplifiés.
La fiche technique n’est pas seulement un document pour vos fabricants. C’est un vrai outil de travail qui va être alimenté tout au long de la phase de développement du projet. C’est ici que vous aller annoter que vous utiliserez tel tissu, tel fermoir, tel bouton pression et sa référence, et pas tous les autres que vous avez reçus et qui n’allaient pas… ça va permettre de clarifier votre esprit produit par produit.
Exemple :
Voici un exemple rapide de fiche technique à personnaliser et à adapter à votre produit. Ce n’est qu’un début de dossier technique, il manque les détails de confection et plusieurs pages pour détailler vraiment cette petite pochette. Mais cela donne une idée de l’aspect général du dossier technique à fournir à un fabricant. Sachez que vous pouvez aussi bien le réaliser informatiquement, sur Illustrator, ou Photoshop. Mais un document avec des dessins à la main, et photos ou tissus scannés, fonctionne aussi parfaitement. Le tout est de pouvoir le numériser pour l’envoyer par mail. N’hésitez pas aussi à agrémenter ce document d’images de référence : un détail technique, une couture, une finition… Ajoutez des légendes pour préciser ce qu’il vous intéresse de cette photo.
Je vous souhaite de réaliser de belles créations et de beaux produits..!
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Posted at 22:53h, 11 janvierExcellent post! We will be linking to this great article on our website. Darbie Gunner Hamilton